Normes de la longe de via ferrata

Jusqu’au printemps 2017, la longe de via ferrata devait remplir 2 normes, soit la norme EN 958 et la norme UIAA 128.
Suite à l’accident de l’accident mortel en 2012 au Tyrol, et suite aux très nombreux et très sérieux essais qui l’ont suivi effectués sur les longes à frein à corde usagées, la norme EN 958 a été mise à jour et exige notamment également des tests de fatigue du matériel.

Les mousquetons montés d’origine sur la longe de via ferrata correspondent à la norme K ( pour « Klettersteig » en allemand). Ils doivent avoir notamment une ouverture suffisamment grande, soit au moins 25mm, pour pouvoir être crochés par-dessus les gros barreaux. Ils doivent aussi être équipés d’un système de fermeture rapide et sécurisée à deux mouvements, et résister à une charge minimale de 25KN, soit une force d’impact de 2500 kg. Il n’existe par contre pas encore à ce jour de norme pour la résistance contre un choc en « porte-à-faux », cas de figure rencontré lorsque le câble est monté « tendu » entre deux broches, et que le mousqueton vient heurter la broche en fin de chute. Cependant, des essais avaient démontré que certains types de mousquetons pouvaient casser à partir d’un choc de 5kN, et d’autres résister à des chocs atteignant 12kN. En principe, plus la section du mousqueton est épaisse, meilleure en sera la résistance.

Ancienne norme EN 958
L’ancienne norme EN 958 pour les longes de via ferrata stipule que la force d’impact d’une chute de 5m de hauteur d’une masse d’acier de 80kg doit être réduite de façon à ce que celle-ci n’ait pas à supporter un choc supérieur à 6kN, et au maximum 12kN pendant 0.2sec. Toute force supérieure risquerait d’entraîner des blessures graves, voire la mort.

Des tests effectués en 2010 déjà par le DAV ont démontré que l’énergie engendrée par la chute d’une personne en-dessous de 50kg n’était pas suffisante pour garantir un fonctionnement efficace du système. En effet, les tests effectués et filmés ont démontré un comportement complètement différent de l’absorbeur lorsqu’il retient une masse en fonte ou un mannequin qui tombe. En bout de course de la chute, le corps humain se déforme et absorbe à travers cette déformation une partie très importante de la force d’impact générée par la chute. Dans le cas de la chute d’un corps pesant en-dessous de 50kg, l’énergie résiduelle après déformation du corps n’est ensuite plus suffisante pour déclencher le système de freinage, et la force d’impact totale de la chute doit ainsi être encaissée par le corps de la personne. Cela représente donc un risque très important de blessures et/ou de rupture du matériel.

Dans le cas d’une personne dépassant 100kg, la situation est inversée. Le frein va fonctionner, mais la réserve de sécurité du « chemin de freinage » risque d’être trop courte en bout de chute, et le système pourrait défaillir et/ou le choc en bout de course être traumatisant.
Il faut cependant noter qu’il n’y a pas eu à ce jour d’accident mortel dû à cette problématique.

Cependant, la norme a été revue et durcie, dans l’intérêt et la meilleure protection de l’utilisateur, et 5 nouveaux tests ont été introduits. En voici les points principaux:

Modifications de la norme EN 958/2017 pour longe de via ferrata:

  1. Test de la charge dynamique
    Le test de chute nouvelle version s’effectue avec deux poids différents. Les masses d’acier de 40 kg, respectivement 120 kg, sont lâchées d’une hauteur de 5 mètres. La force de choc- soit la force agissant sur le corps humain au moment du choc- ne doit pas dépasser 3,5 kN pour la masse de 40kg, respectivement 6 kN pour celle de 120 kg.

    La longueur de déploiement de la sangle explosive ne doit pas dépasser 2.20 m

    Avec l’ancienne norme, le poids de test était uniquement de 80 kg, la force de choc max. 6kN et la longueur de déploiement max. 1.20 m
  2. Test de charge dynamique à l’état mouillé
    Le test de chute est maintenant effectué sur un set qui a préalablement été immergé dans l’eau pendant 1 heure. Avec le poids de 120 kg, la force de choc ne doit pas dépasser 6 kN et la distance de déchirement ne doit pas dépasser les 2.20 m de la norme (ce test n’existait pas dans l’ancienne norme).
  3. Test de la force statique du frein à déchirement
    La force statique d’un absorbeur doit dépasser 1.3 kN avant déclenchement lorsque le ferratiste est pendu au repos dans sa longe (ancienne norme 1.2 kN).
  4. Test de la résistance statique du système complet
    Après le test de charge dynamique avec 120 kg, le set est placé sur une machine de tension. Le set doit résister à une tension progressive jusqu’à 12 kN. (ancienne norme 9 kN).
  5. Test de charge statique sur les bras non-élastiques
    Les bras non-élastiques du set de via ferrata sont testés comme les sangles cousues (selon EN 565). Sur une machine de tension (entre 2 plots de test) les bras sont étirés avec une vitesse constante et doivent tenir une force de 15 kN ( ce test n’existait pas dans l’ancienne norme).
  6. Test de la résistance statique de la sangle d‘encordement
    La sangle d’encordement (pour autant qu’il y en ait une) est testée selon le schéma de chute dynamique. Cette sangle doit résister à une force progressive d’au minimum de 12 kN
    ( ce test n’existait pas dans l’ancienne norme).
  7. Test de fatigue des bras élastiques
    Suite au rappel de matériel de montagne probablement le plus important de l‘histoire, ce test de fatigue pour les bras élastiques a été ajouté. Un bras élastique est placé sur une machine cyclique qui charge et décharge 5 kg. La fréquence est de 0.5 Hz – soit 30 charges de 5 kg par minute. Après 50.000 cycles, la force résiduelle de l’échantillon est testée comme au point 5 (bras non-élastiques), et la résistance doit atteindre au moins 12 kN. ( ce test n’existait pas dans l’ancienne norme).
    (Source Bergsteigen.com & BergZeit Magazin)

Puis-je continuer à employer ma longe avec l’ancienne norme EN 958 sans risques?
La réponse est oui.
La nouvelle norme apporte un réel plus pour les personnes sous les 50 kg fatidiques, et pour ceux et celles qui dépassent les 100 kg. Pour tous les autres, l’ancien standard reste encore valable, même s’ils n’avaient pas encore été testés aussi durement que le sont les nouveaux sets.
Toutefois, il faut absolument tenir compte de la date de fabrication et de la fréquence à laquelle la longe est employée. Tous les fabricants sont de l’avis que la durée d’utilisation d’une longe de via ferrata est fortement réduite par un usage régulier, voire intensif. Les tests effectués en 2012-13 l’ont clairement démontré. Il ne faut donc pas hésiter à la changer suffisamment tôt, et à réformer de manière absolument irrévocable l’ancienne, en la découpant par exemple! Cela évitera la tentation bien humaine de l’employer encore « juste une dernière fois », celle de trop… Mieux vaut retarder l’achat du nouveau sac à dos ou de la nouvelle tablette, et changer à temps cette pièce tellement importante pour sa sécurité en via ferrata!

Emmener votre enfant en via ferrata

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Lorsqu’un enfant est emmené en via ferrata, on lui fera évidemment employer une longe de via ferrata pour qu’il en fasse l’apprentissage et qu’il puisse être retenu en cas de pendule dans une traversée. Mais en même temps, il devrait toujours être contre-assuré au moyen d’une corde. En effet, au souci évoqué plus haut d’un poids insuffisant pour déclencher le système de frein, s’ajoute celui de la capacité de concentration de l’enfant. Passées les vingt minutes de concentration bien connues dans l’enseignement, l’enfant commence à rechercher d’autres sujets plus attrayants, et lorsqu’il est engagé dans un parcours requérant en principe un temps bien plus long, il risque d’effectuer des fausses manœuvres, comme de détacher les 2 mousquetons en même temps par exemple… Il y a déjà eu souvent ce genre d’incident, et malheureusement aussi un accident qui s’est soldé par une chute mortelle en 2013 chez un enfant non-encordé… Cependant, en cas de méconnaissance des techniques d’assurage avec une corde, l’adulte se placera directement derrière l’enfant, pouvant ainsi le retenir immédiatement en cas de glissade, et pouvant aussi contrôler les manœuvres de mousquetonnage de l’enfant.

Mais dans les trois situations décrites plus haut -personne pesant moins de 40 kg, personne au-dessus de 120kg et enfant- l’emploi supplémentaire d’une corde est donc vivement recommandé. Pour cet usage, et seulement dans ces cas, l’emploi d’une corde à double sur un seul brin de ∅8mm/20m s’avère suffisant. Attention toutefois: la recommandation de doubler cette corde en cas d’escalade avec risque de chute de hauteur reste valable!